Le portrait est un exercice que j'affectionne, notamment par le défi qu'il représente. Il suffit qu’un œil soit trop grand, que le nez dévie légèrement ou qu’une courbe du visage s’aventure un peu trop… et l’illusion s’effondre.
Cette pratique exige donc rigueur et minutie, mais aussi de la patience : pour les plus détaillés, il faut souvent compter plusieurs dizaines d’heures de travail.
Mais ce qui me fascine le plus, c'est le processus lui-même. Timidement, on pose les premiers coups de crayon, on mesure, on ajuste, on doute. Au départ, cela ne ressemble à rien. Mais tout doucement, l'expression prend vie.
Car au-delà de la simple ressemblance "photographique", il s'agit de parvenir à capturer l'essence d'une personne — son état d'esprit, un trait de caractère, ou une lueur particulière dans le regard... En somme, ce qui fait son individualité. Et ce n'est pas chose simple !
J'aime aussi profiter des trajets quotidiens pour réaliser des croquis "sur le vif" dans de petits carnets que je transporte. Cela me permet de conserver une pratique continue, en plus de m'offrir une parenthèse dans la journée.
J’en agrémente souvent les pages de commentaires, témoignages de mon état d’esprit ou d’événements associés que le dessin seul ne saurait transmettre. Plus tard, quand je reviens dessus, cela me replonge presque instantanément dans l'événement et la personne que j'étais à cet instant.
Curieusement, les meilleurs croquis naissent souvent lorsqu’on abandonne toute volonté de perfection, laissant simplement le trait suivre son chemin. Le regard et le geste semblent ne faire qu’un, délestés du poids de la réflexion et de la volonté de contrôle.
Pour conclure, le dessin, bien plus qu’une simple activité récréative, m’a beaucoup enrichi. Il m’a forcé à reconnecter avec le moment présent, prenant le temps d’observer le monde plutôt que de me noyer dans mes préoccupations. Il m’a aussi appris à accepter l’imperfection, celle du trait, et même à l'apprécier.
Pour toutes ces raisons, je m’efforce chaque jour de renouer — l'espace d'un dessin — avec l’enfant que j’étais, celui qui dessinait sans réfléchir, porté par le simple plaisir de créer !
FIN.